HII – texte

 

Une odeur âcre de brûlé se faufile et se répand dans les couloirs de l’ancienne caserne.
Elle est insistante et omniprésente.
A l’étage supérieur une jeune fille s’en inquiète et demande à sortir.
Pendant ce temps, un étage plus bas, les membres d’une brigade alignés le long d’une paillasse
en inox maintiennent fermement en l’air des poulets et les flambent.
Dans le coin d’un plat des pétales de peaux confites de tomates attendent dressés.
Le pied toujours du côté du bras qui sert.
Le petit doigt plié à 90 degrés assure la tenue de l’assiette en équilibre.
L’œuf poché incisé s’écoule, trois cuillérées pas plus.
Les miettes sont ramassées, les verres rafraîchis.
Un croquis tracé au marqueur à même l’inox indique les parties à désosser du carré de porc.
Elles seront effacées. Désarticulées.
Tout comme la légère trace de doigt sur le verre à eau de la salle de bain.
La goutte d’eau essuyée, la serviette contrôlée, les cintres alignés.
L’air est frais, l’abat-jour bien droit, les plis du rideau ajustés, les pieds sont stables.
Sous la couette les carrés sont bien faits.
Un à un des grains de groseilles rouge vif sont délicatement égrenés et piqués.